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HOMÉLIES











                  Une des souffrances que chacun et chacune d’entre nous vit actuellement est le fait de voir
                  nos parents malades mais également le fait de nous sentir impuissants et dans l’impossi-
                  bilité de les aider. D’une façon ou d’une autre, nous nous sentons tous concernés par cette
                  crise. Peu importe que nos parents soient malades, qu’ils soient peut-être déjà décédés, qu’ils
                  soient eux aussi en confinement mais toujours en santé, le fait est que nous nous sentons tous
                  concernés dans notre humanité, à cause de cette peine que nous vivons collectivement.

                  Même si nous le savions déjà, nous prenons davantage conscience que nous appartenons
                  tous à une même et unique humanité. Même si quelqu’un d’autre a de la peine et qu’il souffre
                  de voir ses parents malades, exposés à la Covid 19 ou en fin de vie, nous ressentons en nous-
                  mêmes cette souffrance et non pas uniquement dans le sens où nous pouvons la comprendre
                  ou la ressentir, mais plutôt parce que cette souffrance devient aussi la nôtre.
                  Le psaume du Bon Berger nous présente un berger qui prend soin de ses brebis et qui, en
                  même temps, nous guide sur les ravins de la mort. Mais, me demanderez-vous, ces ravins de
                  la mort, que représentent-ils? Les ravins de la mort, c’est en quelque sorte l’endroit où plus
                  personne ne peut nous rejoindre. C’est l’endroit où nous nous retrouvons seuls. Seuls avec
                  nous-mêmes, seuls devant la mort. Et le Bon Berger, le Bon Pasteur, c’est le Seigneur Jésus,
                  lui qui a porté toutes nos souffrances, nos péchés et toutes nos morts sur la croix et qui est
                  ressuscité.

                  Le Seigneur Jésus a un pouvoir énorme. Lequel? Celui de se faire proche. Le pouvoir de se
                  faire proche de chaque être humain, en particulier lorsqu’il se trouve aux ravins de la mort.
                  Dans ce sens, notre action peut nous porter au front, que ce soit comme médecin, comme
                  infirmière ou comme préposé. Mais notre action personnelle peut aussi se déplacer sur le
                  front de la prière. Est-ce que la prière est un front réel? Certainement, car lorsque nous prions
                  Dieu les uns pour les autres, nous sommes aussi en train de combattre. Et nous combattons
                  en faveur des personnes qui se retrouvent seules sur les ravins de la mort.

                  Ce temps que nous traversons peut devenir un temps qui nous permettra de découvrir, peut-
                  être, l’ampleur que l’action humaine peut réaliser. Mais, pour la plupart d’entre nous, cette
                  période peut aussi mettre en lumière combien nous nous sentons impuissants face aux ef-
                  fets de cette pandémie. Lorsque nous ressentons cette impuissance, souvenons-nous que la
                  prière peut aussi nous aider à ouvrir nos horizons.




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                 Recueil de textes de Mgr Lépine du temps de confinement                                       141
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