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LETTRES PASTORALES




















                         L’éternité comme plénitude de vie éternelle, comme existence de Dieu, comme
                   rencontre avec Dieu. Cela pourrait sembler très abstrait, pourtant il n’y a rien de plus
                   concret. Nous faisons l’expérience que vivre dans l’oubli de Dieu conduit à vivre dans
                   l’oubli de l’être humain, de la dignité de la personne humaine dont la vie même a une valeur
                   en soi de la conception à la mort naturelle.

                         Dieu est Esprit et fonde notre existence en donnant consistance et sens à notre
                   existence et à notre vie. Lorsque l’on ne sait plus ce qu’est l’être humain, homme et femme,
                   c’est un signe que l’on ne connaît plus Dieu. Lorsque l’être humain n’est plus que le fruit du
                   hasard qui se dissout comme une ombre dans la nuit de la mort, cela devient paradoxale-
                   ment le signe que Dieu existe.


                         Lorsqu’il n’y a plus que des sens passagers à la vie, il n’y a plus de sens à la vie. Mais
                   l’être humain résiste au non-sens. Il sait au fond de son âme, au centre de son cœur, à la
                   cime de son esprit qu’il a soif d’une eau durable, d’une eau qui demeure, de vie éternelle. Il a
                   soif de Dieu. Sa soif qui survit à tous les oublis, à toutes les négligences et à toutes les fuites
                   est un signe qu’il est dans le monde, mais qu’il dépasse le monde (cf. saint Jean-Paul II).

                         S’il n’y avait que la matière, que le végétal, que l’animal, que le corps biologique, il
                   n’y aurait pas de soif d’absolu, d’yeux plus grands que la panse, d’aspiration profonde de
                   tout son être à une plénitude d’existence et de vie, d’amour et de bonheur. Si l’être humain
                   n’était que corps il n’y aurait que des désirs limités. L’être humain oublie son humanité
                   lorsqu’il oublie le désir de Dieu qui l’habite (cf. Henri de Lubac).

                         N’est-il pas temps de retrouver l’âme qui est esprit ouvert à Dieu, et qui connaît et
                   se donne à travers le corps. Il ne s’agit pas pour l’âme de négliger ou de refouler le corps,
                   comme il ne s’agit pas pour le corps d’oublier l’âme. L’être humain existe corps et âme. « Je
                   suis corps et âme ». Le corps humain est une pure valeur, mais il existe avec l’âme.
                         C’est dans l’âme que retentissent la soif d’infini, le désir d’un amour qui donne tout,
                   l’espérance d’une fécondité qui porte des fruits, un fruit qui demeure (saint Jean). C’est
                   dans l’âme qu’est mon cœur qui bat et qui veut battre pour toujours (cf. Péguy).

                                                                                                    (suite)










                  Recueil de textes de Mgr Lépine du temps de confinement                                      276
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