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LETTRES PASTORALES



















                         L’âme est invisible, mais elle est pourtant visible. Lorsque je l’oublie, mon huma-
                   nité s’affaiblit, ma force de vivre et d’aimer gratuitement s’étiole. Comme la faiblesse du
                   corps qui ne respire pas est un signe que le corps est fait pour respirer, la faiblesse de ma vie
                   lorsqu’elle n’aime pas est un signe que la vie est faite pour respirer. Je suis une personne qui
                   existe corps et âme et je suis fait pour respirer corps et âme. Je suis corps fait pour respirer,
                   mais je suis aussi âme faite pour respirer. Le corps est fait pour respirer l’air ambiant. L’âme
                   spirituelle est faite pour respirer Dieu qui est Esprit.

                         L’âme qui respire c’est l’âme qui prie. Comme en témoignent tous les saints et toutes
                   les saintes, la prière est la respiration de l’âme. Retrouver l’âme c’est retrouver la prière.
                   Retrouver la prière c’est retrouver l’âme. La prière est à la fois l’état et l’acte le plus humble
                   où je me reconnais comme créature de Dieu.

                         Dans la prière je me tiens devant Dieu, Infini et Éternel, je l’adore en me prosternant
                   corps et âme, je m’en remets à Lui : Dieu Saint je vous adore profondément (cf. l’ange
                   à Fatima), je remets ma vie et mon esprit entre tes mains (cf. la Croix du Christ). Devant
                   Dieu je découvre qui je suis, que je suis créé à l’image de Dieu, que je suis aimé de Dieu et
                   que je suis appelé à aimer Dieu et les autres. Le commandement de Dieu lui-même nous
                   révèle ce qui habite notre cœur, mais que nous n’entendons plus : Tu aimeras le Seigneur
                   ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, et ton prochain comme
                   toi-même (cf. Bible).

                         Lorsque je fais l’expérience que je suis habité par l’aspiration la plus profonde
                   d’aimer d’un amour totalement donné et sans retour, lorsque je fais l’expérience de ce désir
                   jusqu’à en souffrir, jusqu’à avoir mal, je fais l’expérience que je suis une âme assoiffée au
                   plus profond d’elle-même de bonté et de vérité, de beauté et d’unité (cf. Zundel).

                         Je suis une âme qui est esprit et qui est cœur. Je suis une âme qui anime un corps, un
                   esprit ouvert à Dieu, un cœur fait pour être aimé et pour aimer.

                                                                                                    (suite)
















                  Recueil de textes de Mgr Lépine du temps de confinement                                      277
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