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HOMÉLIES
Donc, est-ce que j'ai peur de ce que Dieu pourrait me demander? Probablement oui parce que
je suis conscient que cela pourrait être en lien avec la question de ma vocation! En définitive,
est-ce que j'ai peur d'entendre l'appel de Dieu? J’ai établi un plan de vie, je me suis fabriqué un
projet et j’ai déjà planifié toutes les étapes de ma carrière jusqu'à ma retraite, donc je préfé-
rerais que Dieu ne touche pas trop à tout cela! Dans le fond, suis-je prêt à entendre l'appel de
Dieu, quel qu'il soit? Avoir peur d'entendre l'appel de Dieu par rapport à notre vocation est
une chose normale et il ne faut donc pas s’en étonner.
Par exemple, prenons en considération la vocation au mariage! Beaucoup de personnes
hésitent à s’engager, elles sont certes ouvertes à la vie de couple, elles veulent bien fonder une
famille, mais l'idée de se marier, de se donner une fois pour toute sans retour, pour la vie, c'est
comme si c'était trop! On veut se garder une porte de sortie!
Ou encore, d'une façon ou d’une autre, on ne se sent pas prêt à entendre cet appel au don
radical de soi, on ne se sent pas prêt à répondre à l’appel à la vie consacrée dans la prêtrise.
Dans un autre registre, on pourrait prendre en considération tout ce qui a trait à la vie
morale, à la vie éthique ou encore à la question des valeurs chrétiennes. Le plus souvent, nous
sommes rarement prêts à entendre l'appel au partage, l'appel à la solidarité, l'appel à la
fidélité, l'appel à l'Adoration, l'appel à la prière, l'appel au jour du Seigneur, l’appel à respecter
le jour du Seigneur, à vivre le jour du Seigneur. Il y a tellement de choses pour lesquelles nous
ne sommes pas prêts à tendre l’oreille! On aimerait mieux ne pas les entendre.
Dans l’Évangile, lorsque Jésus parle de la peur, c'est précisément de cette peur dont il parle :
la peur de se convertir. « Je ne veux pas entendre, je ne veux pas voir, parce que j'ai peur que
cela m'amène à me convertir, à vivre des conversions que je préférerais ne pas vivre. Ou que je
ne veux pas affronter, parce que je ne me sens pas prêt à les vivre au présent. Donc, nous nous
fixons comme des limites. C’est pour cette raison que nous ne voulons pas entendre l'appel
de Dieu à la conversion.
D’autre part, même si nous avons, en quelque sorte, compartimenté notre vie, il y a certaines
zones où nous sommes prêts à entendre l'appel de Dieu, par exemple dans l’appel à s’engager à
aider les pauvres. Ainsi, si nous disons prêts à entendre l'appel de Dieu pour certaines choses,
il y a d'autres zones de notre vie où nous aimerions mieux ne pas entendre l'appel de Dieu.
Dans le fond, quelle est la peur qui m’habite? Quelle est ma peur face à la Parole de Dieu? Est-
ce que j'ai confiance en Dieu? Est-ce que j'ai confiance en sa Parole?
(suite)
Recueil de textes de Mgr Lépine du temps de confinement 258