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HOMÉLIES
Parmi les peurs que nous pouvons ressentir, on retrouve celle liée à la Covid-19, face à la pan-
démie et la peur de l'inconnu. Parce que l'inconnu fait toujours peur. Parfois, on préfèrerait
imaginer un scénario qui nous donnerait l'impression de savoir ce qui va arriver, alors que,
dans les faits, il est impossible de savoir ce qui va vraiment se passer. Dans ce sens-là, la peur
de l'inconnu peut se transformer en un temps d'abandon, en un temps où nous pouvons nous
en remettre à Dieu. Cela peut ensuite se transformer un temps de collaboration, un temps de
solidarité, un temps d'ouverture à l'autre. Si nous voulons observer cet aspect sous l'angle de
choses à faire ou éviter, ce qui nous est alors demandé dans cette période d’incertitude, c’est
de nous abandonner à Dieu, de nous en remettre à Dieu par la prière. Ce à quoi nous sommes
appelés, c'est de nous engager dans la solidarité, c'est de penser à être ensemble, parce que
c'est ensemble, avec la grâce de Dieu, que nous allons sortir grandis de cette pandémie.
Parmi certains éléments qui nous devrions probablement éviter dans notre vie, j’aimerais
attirer l'attention sur le point suivant : il serait nécessaire d’éviter de poser un blâme sur les
situations que nous devons affronter ou sur chaque personne rencontrée. Le blâme ne fait
pas avancer les choses. Le blâme ne permet pas de trouver des solutions. Le blâme ne fait
pas grandir la solidarité. Le blâme ne nous aide pas à nous ouvrir davantage à Dieu, à s'en
remettre à Lui. Le blâme joue sur le regard, sur notre regard. Le blâme, c'est comme un voile
devant les yeux qui nous empêche de voir le bien, le vrai et le beau qui existent dans le cœur
de tout être humain.
Tout être humain a ses fragilités, mais tout être humain est aussi créé à l'image de Dieu, il est
capable de beau, de vrai et de bon et il est aussi capable d'unité, capable d'un être ensemble.
Je vous invite à ne pas vous laisser emporter par le blâme. Par exemple, blâmer les Chinois
parce que la Covid, à ce qu'on en sait aujourd'hui, viendrait de la Chine, n’a pas de sens. À cet
égard, je vous rappelle que, historiquement, la grippe espagnole ne venait pas de l'Espagne!
Mais la première fois qu'on en avait entendu parler, c'était à cause de ce qui était arrivé en
Espagne. Dans ce sens, la Covid pourrait venir de la Chine, comme elle pourrait venir d'ail-
leurs, mais la question ici n’est pas de blâmer qui que ce soit.
C'est la condition même du monde dans lequel nous vivons, un monde qui a ses fragilités et
où les virus existent réellement, où les virus se propagent aisément. La question est alors de
comprendre comment, ensemble, nous allons pouvoir et nous protéger et prévenir la
propagation de ce virus. En résumé, il s’agit plus que jamais d’éviter tout blâme.
(suite)
Recueil de textes de Mgr Lépine du temps de confinement 261